Malgré les efforts de l’Etat de venir en aide aux populations sinistrées à Matam, Bakel ou Tambacounda, il faut dire que les populations sous l’emprise des eaux ont tout perdu. Dans le Dandé Mayo, de Nawel à Dembancané, où des écoles entières, des cimetières et postes de santé sont englouties, des récoltes jusqu’à leurs bétails, les sinistrés ont tout perdu. C’est une remise difficile chez ces populations de plus 200 000 habitants.
A Matam où les débordements des eaux font d’énormes dégâts, l’on ne prépare plus les morts, mais les populations luttent seulement pour les survivants. Dans le Dandé Maayo (au bord du fleuve) où l’ampleur des catastrophes est plus visible, la crue du fleuve est simplement cauchemardesque pour les 16 000 habitants qui vivent à Dembancané et à Verma.
Là-bas, nous avons appris que les populations sont dans le désarroi total. « Les écoles, les cimetières, les mosquées, les marchés, les dispensaires, le Poste de santé, la maternité, tout est inondé. Les populations sont obligées de sortir de chez elles pour camper à des dizaines de kilomètres dans l’espoir de trouver une terre sèche pour les accueillir. Elles ont abandonné leurs maisons, leurs mosquées, les enfants ne sont pas allés à l’école, les femmes enceintes ne peuvent plus bouger, pas plus que les vieillards. Nous ne savons même plus où enterrer nos morts », témoigne Birahim Camara, habitant de Dembancané.
Après avoir vécu et travaillé pendant plusieurs années en France où il a également obtenu la nationalité, ce retraité a profité de son statut d’émigré de retour pour demander de l’aide, non seulement au Ministre de l’hydraulique et de l’assainissement, mais aussi au Secrétaire d’Etat au Sénégalais de l’extérieur. « Je lance au nom de ces populations un appel urgent pour que l’Etat du Sénégal envoie au moins deux motopompes pour évacuer les eaux. C’est souhaitable, c’est urgent, c’est un droit à la vie », dira-t-il.
Président du Mouvement Dandé Maayo Émergent, Yaya Ndiaye est dans tous ses états, estimant que les déplacements des autorités n’ont pas suffi à délivrer les populations. « Quatre Ministres ont fait le déplacement dans le Dandé Maayo. Le dernier ministre que nous avons reçu est Jean Baptiste Tine. Ils ont distribué à chaque famille sinistrée un sac de riz, un bidon d’huile, des bouteilles de détergents ‘‘Madar’’. Mais c’est insuffisant ! Les populations sont dans le désarroi. Elles ont tout perdu. Des rizières, des champs de maïs sont engloutis par les eaux. Elles ont perdu toutes leurs récoltes », a pesté Yaya Ndiaye, qui a demandé par ailleurs le déclenchement du plan ORSEC dans ces zones, seule alternative, selon lui, à même de libérer les populations de l’emprise des eaux.
«Au-delà du déclenchement du plan ORSEC, nous demandons aussi la mobilisation de l’Armée pour secourir les sinistrés, ainsi que l’installation des tentes pour les accueillir. Les rares écoles qui ne sont pas touchées sont déjà occupées par des familles entières en détresse », exige-t-il. Entre Goudiry, Bakel, Kanel et Matam, jusqu’aux villages du Dandé Maayo, à Padal, Belli Djalbé, Diella, Bow, Thialy, pour ne citer que ceux-là, ce sont quelques deux cent mille âmes qui sont victimes de cette situation on ne peut plus inédite. Tout est perdu ! « Des récoltes soigneusement gardées dans nos greniers, jusqu’à nos bétails, les eaux ont tout emporté », regrette M. Camara. Pire, les routes coupées, les ponts cassés, les pistes impraticables plombent les activités économiques et immobilisent les populations à la merci des maladies diarrhéiques et dermiques. Selon notre interlocuteur, il est devenu impossible d’organiser les cérémonies sociales, culturelles et religieuses dans le bassin du fleuve Sénégal quand l’accès aux villages est encore plus difficile. L’électricité et le réseau téléphonique sont de plus en plus rares dans ces zones, déplore à son tour Yaya Ndiaye.
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