Un vent de réorganisation souffle sur la diplomatie américaine. Selon des révélations du New York Times, l’administration Biden préparerait en toute discrétion une réforme d’ampleur du département d’État, impliquant une réduction drastique de la présence diplomatique des États-Unis sur le continent africain. Si le chef de la diplomatie américaine n’a pas confirmé l’information, des fuites persistantes alimentent l’inquiétude d’un retrait stratégique majeur.
Le projet, encore confidentiel, serait porté par un décret présidentiel en cours de rédaction. Il prévoit une réorganisation structurelle de la politique étrangère américaine en recentrant les efforts diplomatiques sur quatre grandes zones : l’Eurasie, le Moyen-Orient, l’Amérique latine et l’Asie-Pacifique. L’Afrique, grande absente de cette nouvelle architecture, verrait son bureau dédié au sein du département d’État tout simplement supprimé.
Vers une marginalisation du continent africain ?
Le bureau des affaires africaines serait remplacé par un « bureau de l’envoyé spécial pour les affaires africaines », rattaché non plus au département d’État, mais directement au Conseil national de sécurité de la Maison Blanche. Une décision qui, si elle se confirmait, relèguerait la diplomatie africaine à un rôle secondaire dans les priorités américaines, en rupture avec la tradition d’engagement multilatéral.
Dans le même élan, le document obtenu par le New York Times évoque la fermeture de toutes les ambassades et consulats jugés “non essentiels” en Afrique subsaharienne, ainsi que la centralisation de toutes les missions restantes sous l’autorité d’un seul envoyé spécial. Ce repli diplomatique s’inscrirait dans un contexte de réduction budgétaire générale du département d’État, annoncée par plusieurs médias américains.
Fin du financement de l’ONU ?
Ce désengagement pourrait également avoir des conséquences au sein des Nations Unies, où les États-Unis envisageraient, selon plusieurs sources, de cesser leur contribution financière. Une décision qui aurait un impact direct sur l’Afrique, alors que la majorité des dossiers traités par le Conseil de sécurité concernent le continent : maintien de la paix, sanctions, médiations politiques…
Une posture démentie mais pas écartée
Interrogée le 15 avril dernier lors d’une conférence de presse, Tammy Bruce, porte-parole du département d’État, a démenti toute décision officielle à ce stade, assurant que « l’Afrique demeure un partenaire stratégique majeur des États-Unis ». Toutefois, l’absence de clarification sur les intentions réelles de la Maison Blanche entretient la confusion.
Les chancelleries africaines, qui n’ont pour l’instant pas réagi publiquement, pourraient voir dans ce retrait un signal politique lourd, à l’heure où la concurrence stratégique s’intensifie sur le continent, notamment avec la Chine, la Russie, et la Turquie.
Si ce projet se concrétise, les États-Unis tourneraient une page de plusieurs décennies de diplomatie active en Afrique, marquée par l’aide au développement, la coopération sécuritaire et le soutien aux processus démocratiques. Une perspective qui, pour de nombreux analystes, fragiliserait davantage le soft power américain, au moment même où d’autres puissances renforcent leur influence sur le continent.
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