Lors d’un point de presse tenu le 17 avril 2024, l’Alliance Pour la République (APR) a dénoncé une « stratégie de diabolisation » orchestrée par les nouvelles autorités dirigées par le Premier ministre Ousmane Sonko. Dans une déclaration liminaire musclée, les responsables du parti de l’ancien président Macky Sall ont mis en cause la sincérité du rapport de la Cour des comptes publié le 12 février 2025, qu’ils jugent « biaisé, partiel, politiquement orienté et probablement rédigé sur commande directe du pouvoir ».
Dès l’ouverture de leur déclaration, les responsables de l’APR ont accusé le parti Pastef d’être animé, depuis son accession au pouvoir, « par une seule obsession : noircir le bilan du régime précédent et discréditer le Président Macky Sall, son parti et sa gouvernance ». Ils dénoncent notamment les récentes accusations de “maquillage des chiffres” formulées par Ousmane Sonko et ses proches, qu’ils jugent infondées et « inscrites dans cette stratégie de diabolisation systématique ».
L’APR est notamment revenu sur les propos du Premier ministre qui, selon eux, « s’est permis, sans la moindre preuve, d’accuser publiquement le précédent régime de manipulation des comptes publics » le 26 septembre 2024. Ils ont également rappelé qu’en pleine campagne législative, ce dernier avait évoqué l’existence d’un compte bancaire « crédité de 1000 milliards FCFA soit 1,5 milliard d’euros » sans apporter de preuve, ajoutant : « Où sont les preuves ? Le pays attend toujours. »
Selon les responsables du parti, le rapport à l’origine de cette polémique ne serait pas une production officielle de la Cour des comptes, mais plutôt un document validé par la seule Chambre des affaires budgétaires et financières (CABF), sur la base d’un rapport établi par l’Inspection générale des finances (IGF), un organe interne au ministère des Finances. « La Cour des Comptes établit son rapport sur la base de celui présenté par le gouvernement », ont-ils tenu à rappeler, ajoutant que « dans le cas présent, la CABF n’a pas établi de rapport mais a validé un rapport de l’Inspection Générale des Finances ».
L’APR affirme que la procédure de production du rapport est entachée d’irrégularités, notamment le non-respect de l’article 19 de la loi organique sur la Cour des comptes, qui impose une adoption en Assemblée des Chambres réunies. « Le prétendu rapport a été élaboré et adopté par la seule CABF », ont-ils dénoncé, évoquant « une procédure d’audit viciée et tendancieuse » qui viserait à « jeter le discrédit sur la gestion 2019-2024 ».
Autre grief formulé par l’APR : l’absence du respect du principe du contradictoire. « Comment un document aussi important […] a pu être établi et publié sans que les personnes et administrations concernées n’aient pu recevoir la moindre notification leur permettant d’apporter leurs observations ? », s’interrogent-ils. Selon eux, cette absence de contradictoire constitue une « violation de la réglementation en vigueur, notamment l’article 64 de la loi organique du 27 décembre 2012 sur la Cour des comptes ».
L’APR a également pointé du doigt la circulation de deux versions différentes du même rapport. « Dans la version dite provisoire ne figurent pas les données relatives à la dette bancaire […] Dans la version dite définitive, les montants subitement apparaissent avec comme désignation ‘dette bancaire hors cadrage’ ou ‘dette cachée’ ». Pour les républicains, cette incohérence mérite une clarification publique.
Le parti de Macky Sall a par ailleurs confirmé avoir saisi le Fonds monétaire international (FMI), non pas pour nuire au gouvernement, mais pour « apporter des réponses rigoureuses, chiffrées et argumentées face à des accusations infondées ». Il assure que sa démarche a été jugée sérieuse par l’institution financière, qui « a répondu par courrier en date du 28 mars, accusant réception de notre correspondance et acceptant le principe d’une rencontre à fixer ultérieurement ».
Enfin, l’APR a mis en garde contre une tentative d’« instrumentalisation de la justice », après « l’échec du régime de Pastef dans la bataille de l’opinion ». Selon eux, « le pouvoir semble désormais s’orienter vers une instrumentalisation de la justice », avec un « projet aussi fantaisiste que son porteur » de mise en accusation de Macky Sall pour haute trahison. Le parti appelle la Cour des comptes à « éclairer l’opinion publique sur la portée réelle et le contenu du référé transmis au ministère de la justice ».
« Cette tentative d’instrumentalisation du rapport de la Cour des comptes ne vise pas seulement à s’acharner contre le régime précédent. Elle porte également atteinte à la crédibilité de l’État », conclut la déclaration, avant d’assurer : « Peine perdue, car nous ferons face et nous vaincrons. »
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