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Micro Ouvert… El Hadji Kassé, ex-ministre conseiller en Arts et culture «L’accès à l’information, c’est l’accès aux immenses ressources de la science et de la technologie»

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El Hadji Kassé, à l’époque ministre-conseiller en Arts et culture, avait accordé cet entretien au Quotidien dans le cadre du centenaire de Amadou Makhtar Mbow célébré le 20 mars 2021. Il analysait le combat qu’il menait avec le Nomic

Le Nomic a marqué le passage de Amadou Makhtar Mbow à la tête de l’Unesco. Quel était le but de ce nouvel ordre mondial de l’information et de la communication ?

Le Nomic a été conçu sous le magistère du directeur général Amadou Makhtar Mbow dans un contexte de guerre froide, d’accentuation des inégalités entre les Nations et de luttes d’influence entre les puissances.

L’information et la communi- cation ne sont pas de simples échanges de messages, c’est-à- dire ce qu’on appelle des interac- tions sémiques. Elles ont une influence et sur les processus de développement, la configuration des relations internationales et les enjeux de pouvoir. L’accès à l’information, c’est l’accès aux immenses ressources de la science et de la technologie, c’est même l’accès aux ressources nécessaires pour toute stratégie, y compris celles relatives à la

guerre particulièrement redou- tée dans la conjoncture d’alors. M. Mbow et ses collègues avaient opportunément pensé qu’une telle puissance devrait être équilibrée et bénéficier au monde entier, spécialement aux pays les moins nantis.

Il y a eu énormément de polémiques après la présentation du Rapport MacBride. Comment expliquer un tel accueil à ce projet ?

N’oublions pas que la conjonc- ture de la guerre froide est égale- ment une conjoncture de guerre idéologique ! L’Unesco a été soupçonnée ainsi de faire le jeu du camp socialiste dont le parti pris pour le Tiers-monde était évident. L’accueil polémique du Rapport Macbride intervient dans ce contexte.

Amadou Makhtar Mbow apassé13ansàlatêtede l’Unesco. Mais l’institution avait perdu 30% de son budget suite au retrait des Etats-Unis qui ne voulaient pas du Nomic. Est-ce que cette situation a impacté les projets du Pr Mbow et la mise en œuvre de certaines résolutions du Rapport MacBride ?

Je n’ai pas tous les éléments de l’évaluation des projets de l’Unesco après la perte de 30% du budget. Mais il est évident que l’impact du retrait des Etats- Unis est certain.

Aujourd’hui, on a l’im- pression que ce sont les mêmes enjeux qui se posent autour de l’accès à l’information. Serait-il opportun de ramener le Nomic ?

Oui, les mêmes enjeux. On peut même dire qu’ils sont plus accentués aujourd’hui.

L’essor vertigineux des tech- nologies de l’information et de la communication n’a pas modifié le visage du marché, essentielle- ment dominé par les Etats-Unis, l’Europe comprise au sens large, la Chine et le Japon. De vastes zones du monde, en Afrique, en Asie et en Amérique latine res- tent encore faiblement connec- tées et restent ainsi en marge de ce gigantesque réseau fait d’in- frastructures, de capitaux, de flux d’informations et de pro- duits, d’applications les plus diverses qui changent chaque jour le visage des sociétés dans tous les secteurs. Le numérique constitue cette autre révolution qu’aucun siècle antérieur n’avait prévue. Marshall McLuhan, de qui nous tenons la métaphore du «village planétaire», ne pouvait lui-même, alors qu’il est notre contemporain, imaginer ce for- midable bond dans les modalités et les modes d’être en relation, d’échanger et de plier le temps au clic d’un smartphone.

Seulement, à ce rendez-vous

du donner et du recevoir, pour reprendre le mot de Senghor, le plus essentiel ce sont les conte- nus, mais surtout la capacité de diffusion. Or si l’Afrique en par- ticulier a des contenus haute- ment significatifs à faire préva- loir, il ne reste pas moins que nous ne disposons pas encore de tous les moyens pour la maîtrise de la diffusion et des plateformes qui nous permettent d’engran- ger les ressources que génèrent les marchés de nouvelles techno- logies. Nous sommes sur la voie cependant avec des jeunesses africaines qui en veulent.

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