“La Russie est devenue une menace pour la France”. Lors de son allocution martiale suivie par 15 millions de téléspectateurs ce mercredi 5 mars, Emmanuel Macron a pointé du doigt “l’agressivité de Moscou” qui “ne semble pas connaître de frontières”, trois ans après le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022.
Piqué au vif, le Kremlin a promptement réagi. “Cela donne le sentiment que la France veut que la guerre continue”, a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov dénonçant un discours “très conflictuel à l’égard de la Russie”.
“C’est une menace contre la Russie”
De son côté, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a réemployé le terme de “menace” pour l’appliquer au souhait d’Emmanuel Macron de lancer un débat stratégique sur la protection des “alliés européens” par la dissuasion nucléaire.
La France est en effet le seul pays de l’Union européenne à posséder l’arme nucléaire aux côtés de son voisin britannique. Cette proposition survient au moment où un rapprochement spectaculaire entre Moscou et la nouvelle administration américaine de Donald Trump fait craindre un désengagement des États-Unis en Ukraine et une rupture historique de leur alliance avec les Européens.
“Bien sûr, c’est une menace contre la Russie. S’il nous voit comme une menace” et “dit qu’il est nécessaire d’utiliser l’arme nucléaire, de se préparer à utiliser l’arme nucléaire contre la Russie, bien sûr, c’est une menace”, a déclaré Sergueï Lavrov.
Le ministre des Affaires étrangères russe a également rejeté toute possibilité d’un accord avec Moscou sur le déploiement de troupes européennes de maintien de la paix en Ukraine pour garantir un éventuel cessez-le-feu. “Nous ne voyons aucun compromis possible. Cette discussion est menée avec un objectif ouvertement hostile” envers Moscou, a-t-il déclaré.
Un “conteur” “déconnecté de la réalité”
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a quant à elle dénoncé des déclarations “déconnectées de la réalité”. Emmanuel Macron “fait tous les jours des déclarations tout à fait déconnectées de la réalité et qui contredisent ses déclarations précédentes. C’est un conteur”, a-t-elle avancé.
Elle l’a ainsi comparé à Ole Lukoje, personnage d’un conte de fée danois de Hans Christian Andersen qui avait deux parapluies magiques – en référence au parapluie nucléaire – qu’il ouvrait aux enfants endormis.
“J’ai compris quelle personne il me rappelle: un Ole-Lukoje nucléaire”, a ironisé Maria Zakharova. Selon elle, le président français “devra s’excuser auprès de sa propre population pour l’avoir induite en erreur”.
L’ex-président russe Dmitri Medvedev, actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe, a taclé Emmanuel Macron dès mercredi soir. Il “ne représente pas une grande menace. Il disparaîtra à jamais au plus tard le 14 mai 2027. Et il ne manquera à personne”, a-t-il écrit sur X.
“Il ne s’intéresse pas à la paix, il s’intéresse à la troisième guerre mondiale”
Pour d’autres politiques russes, le locataire de l’Élysée cache son “incapacité à résoudre les problèmes internes de la France” en utilisant “une rhétorique de politique étrangère dure”, résume l’agence de presse russe RIA Novosti. C’est notamment ce que pense Leonid Sloutski, député à la Douma et président du Parti libéral-démocrate de Russie, conservateur et nationaliste.
“Macron essaie depuis longtemps d’endosser une armure néo-napoléonienne et rêve de diriger le “parti de la guerre” européen. Dans son discours à la nation, il n’a pas parlé du bien-être des Français. Il était plutôt obsédé par la ‘menace russe'”, a-t-il déclaré. “Il ne s’intéresse pas à la paix, il s’intéresse à la troisième guerre mondiale, dans laquelle il ne peut y avoir de vainqueur”.
Leonid Sloutski estime qu’Emmanuel Macron “pousse le monde vers une catastrophe nucléaire” “pour satisfaire (ses) propres ambitions”.
Le chef de l’organisation pro-russe, Nous sommes ensemble avec la Russie, opérant dans l’oblast ukrainien occupé de Zaporijia, Vladimir Rogov, a quant à lui dénoncé auprès de RIA Novosti une “méchanceté humaine et politique envers la Russie et une hypocrisie envers l’Ukraine”.
Emmanuel Macron, qui se rend ce jeudi à un sommet extraordinaire à Bruxelles sur l’Ukraine avec les 27 pays de l’UE et Volodymyr Zelensky, a affirmé lors de son allocution que Moscou “a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial”.
Pour lui, la Russie “viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie, en Moldavie”, “organise des attaques numériques contre nos hôpitaux” et “tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux”.
Le président ukrainien de son côté a appelé ce jeudi à ne pas relâcher la pression sur la Russie. “Il ne doit y avoir aucune pause dans la pression exercée sur la Russie pour qu’elle mette fin à cette guerre”, a indiqué Volodymyr Zelensky sur X au lendemain d’une frappe sur un hôtel de Kryvyï Rig (centre) dans lequel se trouvaient des humanitaires américains et britanniques qui ont “survécu”.
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