Au 76e jour de l’invasion en Ukraine, l’armée russe n’avance plus. Alors que Moscou souhaitait une « opération militaire » rapide, les soldats du Kremlin semblent désormais se retrouver dans une longue guerre de position où les victoires se font rares. Le 9-Mai, jour de célébration pour une Russie étouffée par les sanctions internationales, Moscou n’a d’ailleurs pas annoncé de victoires militaires.
Invité sur BFMTV lundi soir, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a étrillé Vladimir Poutine. Selon lui, le président de la fédération de Russie est sujet à une forme « d’enfermement dans la guerre. » Pire, selon lui, Vladimir Poutine aurait également commis « quatre approximations, voire quatre erreurs stratégiques qui se sont conjuguées, et qui continuent à se conjuguer » depuis le début du conflit.
Erreurs militaires et stratégiques
Jean-Yves le Drian estime que la première erreur russe a été « de penser que l’Ukraine allait tomber comme cela, parce qu’il était attendu, parce qu’il y avait eu le précédent de la Crimée » en 2014.
« On se rappelle des images de l’arrivée de Poutine en Crimée qui était arrivé sous les acclamations. Il pensait donc, et en particulier dans la partie russophone de l’Ukraine, que l’accueil des ‘libérateurs’ allait être favorable et que les autres, on allait pouvoir rapidement les désarçonner. Cela n’a pas été le cas », affirme-t-il.
Au contraire, selon le ministre, l’intervention russe « a renforcé l’unité ukrainienne, créé la nation ukrainienne qui se bat de manière héroïque. » Selon les dernières remontées sur le terrain, l’armée de Kiev reprendrait du terrain aux Russes dans la région de Kharkiv, la deuxième ville du pays, tandis que la résistance est toujours forte dans le Donbass, en particulier à Marioupol.
A cela, il faut d’après Jean-Yves Le Drian rajouter une deuxième erreur de Vladimir Poutine , celle d’avoir « surestimé la force de son armée, de ses choix stratégiques, de ses choix militaires. » La question se posait déjà un mois après le début des opérations, alors que les troupes russes annonçaient se tourner uniquement vers le Donbass et abandonner la conquête de Kiev et du reste du pays.